La crépuscule venait de tomber sur les rues de Wildheart le bas, les enveloppant de son calme coutumier. Un calme qui servait de refuge à toutes sortes de tractations et activités plus ou moins frauduleuses. Parmi le vaste choix en matière de choses illégales, la contrebande figurait en bonne place, à égalité avec les meurtres et autres crimes crapuleux. Une chose assez normale au vu des immenses bénéfices que la contrebande pouvait générer. Pour quiconque ne se ferait pas avoir, cela allait de soit.
Le porte de Wildheart, situé à la réunion de deux des plus importants cours d'eau de Maélor constituait la plaque tournante de ce trafic. Ses immenses quais de pierre accueillaient les quelques bâteaux venant du Nord et de l'Ouest, mais ils accueillaient surtout les imposants navires de commerce venus de la mer via le fleuve. De jour comme de nuit, des marchandises de toute sortes étaient embarquées, débarquées, rassemblées ou éparpillées à travers les deux parties de la ville. Les marchandises destinées à la ville haute n'étaient cependant pas la cible des voleurs. il semblait y avoir comme un accord tacite avec les gardes du coin. On ne volait rien de ce qui aurait pu être repéré et en échange, les contrebandiers pouvaient bénéficier d'un manque d'attention purement accidentel des gardes au moment pile où ils en avaient le plus besoin.
Mais cette nuit, c'était différent. Un continent de soldats et non pas de gardes venait de traverser la large avenue menant au port et de se répandre dans les rues et toits alentours pour tout quadriller. Certains magiciens étaient même présent sur place.
Puis il arriva. Immsense silhouette sombre qui laissait entendre des craquements et le bruit du vent dans ses voiles. Le son caractéristique d'une corne de brume résonna tandis que le bâteau apparaissait à la lueur des torches. Des ordres furent donnés et les hommes s'activèrent le long des treuils. D'immenses caisses furent déposées en douceur sur les charrettes tirées par quatre boeufs, sous l'oeil attentif des militaires présents. Le balai des caisses et des cordes allait durer longtemps.
Mais déjà un premier convoir de charrette s'ébranlait lentement sur le pavé irrégulier de Wildheart le bas, escorté par une vingtaine de cavalier lourdement armés ainsi qu'une cinquantaine de fantassins, épaulés par trois silhouettes en robe noire. Sous les yeux ébahis des quelques citoyens qui avaient eu le courage d'ouvrir leurs volets, les portes de Wildheart le bas furent ouvertes en grand et le convoir s'engagea vers le croisement des Quatre Pierres, vers une destination inconnue...