Souvenirs....

" Tu sais, les idiots ont pas toujours une tête d'idiot !!"

Zaïkazu reste un moment silencieux. Il réfléchit à ce que Soryan vient de lui dire. Etrangement, le nain a confiance en cette homme. Confiance ? Mais qu'est ce qu'il lui arrive, bon sang?! Ce type n'est qu'une chose qui va lui rapporter un paquet de fric. alors pourquoi est ce que lui, Zaïkazu commence à ressentir des remords à l'idée de le livrer ?

"J'ai d'la bonn'bière dans mon sac, d'la vraie, pas c't'infame liqueur rance qu'ils vendent !! J'vais la chercher, mais à mon retour, t'as franch'ment intérêt à être là !!"

Dès qu'il finit de parler, Zaïkazu s'éloigne de Soryan aussi vite que ses jambes lui permettent avant de ralentir dès qu'il passa hors de sa vue. Le nain ressent en lui un profond besoin de se trouver loin de soryan pour pouvoir réfléchir tranquillement à tout ça. Et pour chercher sa bière.
Il aperçoit un arbre creux et accélère. Son sac n'est pas loin, et la bière aussi. trop obnubilé par ses pensées, zaïkazu ne fait pas attention aux empreintes sur le sol. Des empreintes étrangement griffues. Le nain pose sa hache contre le mur et extirpe de son sac un tonnelet de bière et deux choppes puis s'en sert une bien rase.
Un frisson de plaisir parcour son corps lorsque le liquide ambré descend dans son gosier. Brusquement, Zaïkazu repose la choppe et se saisit de sa hache. Il sent quelque chose de bizarre. Instinctivement, il se campe sur ses deux jambes, hache levée, face à l'origine du bruit. Des buissons s'agitent... Le nain entend comme une respiration...

"Par le bordel d'Hirhouk !!!"

Son juron résonne dans les bois mais n'arrête pas le loup qui lui fait face. Zaïkazu ne le quitte pas des yeux l'animal plus grand que lui, à la fourrure d'un noir d'ébène parcoure de touffes rouge sang. Ses yeux son noirs, et son haleine suffocante. Le nain pose les yeux sur les griffes énormes de la bestiole, trop énormes pour un loup...

"Allez ma biche, viens dire bonjour à ma hache !!"

Zaïkazu à la désagréable impression que la bestiole le comprends. Soudain, elle passe à l'attaque, et bondit sur le nain avec une force incroyable. La garce, elle est rapide... mais n'a jamais combattu de nain. Zaïkazu se penche au dernier moment en assénant un coup de hache magistrale. Les lames papillon entaillent profondément le ventre de la bestiole et laisse couler un sang noirâtre. Un hurlement de haine jaillit de la gorge de la bestiole, qui s'apprète à donner un coup de patte mortel au nain. La griffe passe à quelques centimètres de sa poitrine, et lui lacère le corselet.

"Par la barbe d'Ikor !!"

en poussant son cris de guerre, Zaîkazu fait tournoyer sa hache et avance vers elle tel un fou furieux. totalement hors de contrôle. La bestiole semble vouloir fuir, comme pour élaborer une nouvelle stratgie. trop tard. La hache s'abbat avec un sifflement sur son crane et envoie son museau valdinguer au loin. Un deuxième coup la décapite. Le corps de la bestiole sans tête se ramasse pour une nouvelle attaque. La hache sanglante s'abbat alors à hauteur du corps et ressort, fumante de sang noir. Le corps a encore quelques soubressauts puis s'immobilise ...

Zaïkazu regarde le cadavre avec satisfaction.

"Règle N°1 : ne jamais attaquer un nain..."
*Règle N°2 : toujours connaitre son adversaire !*

Le nain frissonne en entendant cette voix emplie de sauvagerie résonner dans sa tête et se retourne, inquiet. D'autres hurlements se font entendre et se rapprochent. Zaïkazu regarde alors sa hache.

"ce soir, ma belle, on va bouffer du loup !!"

" Et t'as encore rien vu mon vieux."

Les loups géants continuent d'approcher dans le silence le plus total. Les brindilles ne craquent même pas sous leurs pattes musclées. Ces créatures ne correspondent pas à ce que Zaïkazu appelle normal, et cela lui fait peur. tout comme toute forme de magie.
Malgré ça, le nain n'a pas l'intention de finir dans l'estomac de l'une de ces bestioles. Il se contente d'attendre que l'une d'entre elle passe à l'attaque.
Deux specimens, parcourus de zebrures marrons se jettent brusquement sur soryan tandis que deux autres se rapprochent dangereusement de Zaïkazu, tous crocs dehors. Dans leurs yeux, une envie de mort irrepressible...

"Gdjiaaaaa !!! Ahahahahaha !!!"

Le rire tonitruant de Zaïkazu accompagne sa charge et la descente de sa hache sur la créature. Dans une gerbe de sang, sa tête tombe sur le sol, séparée du corps.
Le nain ne prend même pas le temps de regarder Soryan et se rue en hurlant sur les loups.

"T'oublies pas que j't'ai sauvé la vie !!"

Au rythme des cris de Zaïkazu, la hache découpe la chair des créatures. Ca leur apprendra à empécher un nain de boire sa bière tranquillement !!!

Zaïkazu se bat comme un diable et ne se soucie pas des blessures qu'il reçoit. A aucun moment, il ne regrette d'avoir abandonné son armure, ni sa hache. Cinq loups géants sont morts et le sixième fait face au nain.
Zaïkazu fait tournoyer sa ahche devant lui à toute vitesse en se rapprochant du loup. La créature grogne et retrousse ses babines. Ce qui n'effraye pas Zaïkazu.

" Tu crois qu'tu m'fais peur, descente de lit ?!"

Zaïkazu passe à l'attaque en même temps que le loup. Il essaie de toucher son coup, mais une coup de griffe lui entaille l'épaule. La hache de Zaïkazu va s'enfoncer dans le flanc de l'animal. Avec un hurlement terrible, le loup prend la fuite, suivie des autres survivants. Le nain les poursuit en hurlant.

"Rev'nez espèce de laches !! On comment just'à s'marrer !!"

Finalement, Zaïkazu s'arrête, essoufflé. Il se plie en deux et se tient les côtes pour pouvoir reprendre son souffle avant de revenir vers Soryan. Le nain essaie de trouver une quelconque expression sous se capuchon puis éclate de rire.

" Alors tu m'paiera un manteau en fourrure, mon pote !! sans capuchon Ha ha ha !!"

Le nain caresse un instant sa barbe et jette un cou d'oeil vers sa bière, toujours intacte.

" Hourra, ma bière n'a rien !!!!" Il se précipite vers son tonnelet, vide une choppe et en remplit deux. Le nain en tend une à Soryan avec un sourire sur sa barbe hirsute. " A ta santé et la santé des meilleurs chasseurs de loups de c'te maudite forêt !!! Tu sais kwaaa ? On devrai p'têt faire équipe tout les deux!! T'en dis quoi ?"

Soryan regarda le nain, quelque peu interloqué par l'attitude de ce dernier. Pendant de longues années, le voyageur avait arpenté le royaume de Maelor en long, en large et en travers ainsi que de nombreuses autres contrées. Il avait aussi bien connu des peuples étranges que les nains. Mais, celui ci était vraiment bizarre. Il avait commencé par l'attaquer, et voilà qu'il voulait faire équipe avec lui. Proposition plutôt étrange à comprendre au vu de la situation actuelle.

" Il faudrait d'abord que j'arrive à entrer chez un marchand, et surtout à en ressortir sans me faire attaquer. Ce serait dommage que votre futur manteau soit roussi par les flammes de quelque magicien zélé ou déchiré par des flèches répondit-il le plus sérieusement du monde. quand à faire équipe avec vous, pourquoi pas ? Jusqu'à ce que nous soyons hors de portée de ces satanés loups. Mais je vous préviens, si vous tentez de me trahir, vous aurez tôt fait de regretter de ne pas être dans la panse d'un ce ces loups" le mença Soryan d'un ton glacial.

"Ok, ok, c'est bon, pas la peine de t'énerver. J'te donne ma parole que j'vais pas t'jouer d'mauvais coups en douce."

En même temps, Zaïkazu est curieux de savoir ce qui peut-être pire que se faire dévorer par un loup qui n'en est pas un. Après un temps d'hésitation, le nain montre la choppe pleine qu'il tend à Soryan.

"Bah quoi, t'as plus soif ? Ou t'as peur que c'soit du poison ? Mais bon, il y aura jamais de coups fourrés avec moi. Parole de nain. Et maintenant, tu prends c'te choppe ou pas ? J'ai pas envie d'prendre racine dans c'te position !!"

Zaïkazu manque de s'étouffer avec sa bière. Il en recrache même en entendant la question de Soryan. Déjà, il cherche un réponse crédible et s'efforce de ne pas regarder vers sa hache.

"Haem, tu vois, j'suis un nain. Et un nain, c'est rare dans l'coin. Alors dès qu'y en a un qui veut s'incruster, on lui fait d'la place, tu piges ? J'suis chanceux, c'est tout. Et puis, qu'est qu'ça peut-faire ?"

La voix du nain s'est faite agressive et il n'est plus d'humeur à plaisanter. Manquerait plus qu'il parle de l'épouvantail noir. Rapidement, il change de sujet.

" Et toi, comment qu'tu fais pour echapper à tous ceux qui veulent ta tête ?"

Zaïkazu se tait deux secondes et reprend d'un ton soupçonneux.

" Dis, tu s'rais pas magicien par hasard ?"

" Si j'étais magicien, est ce que vous croyez vraiment que je vais m'hasarder à vous donner une réponse ?" rétorqua ironiquement Soryan en haussant un sourcil.
L'explication de Zaïkazu n'était pas du tout convainquante aux yeux du voyageur. Toutefois, elle lui avait permis de déduire qu'il y avait sans doute eu un arrangement avec des personnes peu recommandables, sans pour autant forcément être des partisans du roi.
Quoi qu'il en soit, Soryan n'avait pas envie de se mettre le nain à dos. Il aurait bien le temps pour ça, plus tard. A supposer qu'il ne finisse pas entre les crocs de ces loups - ou de toute autre créature d'ailleurs.

" Et maintenant que nous avons trouvé toutes les réponses que nous cherchions, que diriez vous d'agir ?"

" Ah bah non, c'est vrai ça. Pourquoi les magiciens ils s'planquent ? Sont pas plus intelligents qu'les autres ? Que la plupart des autres, parcque question, intelligence, j'les bats tous !! Ha ha ha ha ha !!!"

Zaïkazu finit par s'arréter de rire et regarde Soryan. Il est encore hilare, mais ce n'est pas du à la bière. Des tonneaux comme le sien, il en siffle allégrement trois d'un coup.

" Ah enfin d'laction !!! J'avais peur que ma hache rouille ici. Juste trois ou quatres secondes. T'es vraiment sûr que tu veux pas t'arrêter quequ'part ? C'est pas pour dire, mais j'crois qu'ton blanchisseur va pas être ravi. Du sang, de la bave de bestiole. Encore heureux qu'y ait pas d'la bière. de la mienne. Après c'est toi qui voit, mais j'crois qu'y a une bonne auberge dans l'coin. Et pas trop d'idiots en armures. Tu veux vraiment pas y faire un tour ? histoire de s'remttre en forme avant d'casser de la bestiole ?"

Sous son ample capuchon, Soryan leva les yeux au ciel tout en soupirant légèrement. Non seulement on ne trouvait nul part de nain plus lunatique, mais en plus de cela - comme si ça ne suffisait pas, il fallait qu'il se trouve plus intelligent que tout le monde et bavare de surcroit. Une chose était sûre: s'il décidait de le suivre partout, Soryan n'aurait qu'à prêter attention à ce que le nain disait pour cesser de s'ennuyer. Mais vu qu'il préférait de loin la solitude, se retrouver à passer son temps à écouter Zaïkazu ne l'enchantait pas plus que ça.
Soryan restait donc mitigé par rapport à ce qu'il ressentait vis à vis du nain. Eh oui, d'une certaine sorte, il était sympatique...

" M'arrêter quelque part ? Soryan laissa sa question en suspens quelques secondes. Oui, pourquoi pas... après tout, ces bestioles ne vont pas décamper du jour au lendemain... Mas de là à m'arrêter pour passer la nuit dans une auberge, il y a un pas que je ne franchirai pas, même dans un état pire que le mien..."

Zaïkazu frappe dans ses main et affiche une mine réjouie.

" A la bonne heure !!! J'savais bien qu't'étais quelqu'un d'raisonnable. Bah alors, qu'est c'qu'on attend. sirlir nous voilà !!!"

Le nain range s'empresse de ranger les choppes et d'accrocher son tonnelet de bière dans son dos. Lorsque il revient vers Soryan, il a l'allure d'un âne mais la force de frappe d'un nain. Zaïkazu s'appuie deux secondes sur sa hache et regarde vers les arbres qui masquent Sirlir.

"Alors c'est parti mon kiki !!!"

Soryan sourit vaguement puis farfouilla dans son sac et en tira un petit paquet soigneusement emballé dans du tissus. Profitant de ce que le nain regardait ailleurs, le voyageur positionna soigneusement une fausse barbe et une perruque. Toutes deux révélaient un travail incroyable, et personne n'aurait été capable de se rendre compte qu'il s'agissait d'une perruque ou d'une fausse barbe. Peut-être que soryan avait tout du type propre à porter une barbe. Quoi qu'il en soit, lorsque il rabbatit son capuchon, on voyait maintenant une barbe. Heuresement, celle ci ne piquait pas.

" Oui, allons-y..." soupirat-til d'une voix plus grave qu'à l'accoutumée.
Puis il rejoinit le nain et tous deux s'engagèrent sur la sente qui menait à sirlir.